L’engagement de François van den Abeele, fondateur de Sea2see

Par CaroleGreenerMummy
François van den Abeele

Parole de créateur

En tête à tête avec
François
van den Abeele

J’ai voulu vous transmettre l’engagement de François dans une interview exceptionnelle.

Cela va au-delà des lunettes. C’est un travail de fond qu’il a entamé il y a quelques années.

Sea2see a été ma decouverte du SILMO 2017 et, chaque année, je suis impressionnée par tout le process que François a mis en place en Espagne et en Italie.

La collection de lunettes en plastique recyclé n’est pas une fin en soi. Mais c’est un moyen de réutiliser ce genre de déchet. Et surtout de sensibiliser!

Car, on ne le repetera jamais assez : le meilleur dechet est celui que l’on ne produit pas!

Francois van den Abeele - Sea2see
Francois, j'aimerai que tu me parles de la filière de recyclage que tu as créé.

On a signé un accord avec les autorités portuaires et l’agence catalane des déchets et les confréries de pêcheurs. Mon collaborateur a une société de gestion des déchets (principalement déchet textile et plastique). donc, des containers à nous sont placés dans les ports . Ensuite, les pêcheurs, suite à un protocole de collecte établi par nous, vont déposer leurs déchets dedans. Donc nous, avec les autorisations adéquates, nous mettons des containers selon la taille des ports, le nombre de bateaux, de l’importance de l’activité de chaque pêche dans les ports… et les pêcheurs mettent leurs déchets dedans.

Ce qu’on fait par la suite, nous ramenons ça dans un hangar près de Girone. Et là, manuellement, on sépare les différents types de polymères. Avant, il y a une préselection qui est fait dans les ports. Parce que sinon, les pêcheurs mettent n’importe quel type de déchets dedans.Et dans le hangar, c’est separéen fonction du type de plastique (plastique, filet, cordes etc…) manuellement. Et par la suite, avec le temps, on a pu identifier le type de polymère qui était utile et adéquat pour produire nos lunettes. Donc ça on recycle en Espagne. Et on ramène ça dans une base de plastique réutilisable. Et c’est envoyé en Italie pour faire des lunettes.

Donc on est intégré verticalement depuis les ports où les collectes de déchet se font dans les containers que l’on met à disposition des pêcheurs. Tout ça en Espagne.

On a fait un projet pilote en France, dans 6 ports autour de Toulon, et l’idée c’était de continuer ça et d’agrandir pour tester. On est allé chercher un premier camion et c’était essentiellement les filets de pêche qui ont été récolté.

Toutes les choses usagées que les gens n’utilisent pas qui termine dans les décharges, c’est assez terrible!

Et la separation de ces déchets a été faite avec l’APAM (Association pour la Pêche et les Activités Maritimes ), une association qui travaille sur la réinsertion sociale de femme, et là on a fait ça avec 2 ex-prisonnières.

Pour l’histoire, ce sont eux qui nous ont contacté car ils ont appris ce que nous faisions. Et nous on a dit biensur!

Après la collecte de déchet, c’est un metier. Le problème dans ce cas là est que la valeur du déchet était supérieur à la valeur du transport et de la logistique. Donc, on a encore des choses à mettre au point là-bas, pour pouvoir récolter plus de volume et faire prendre conscience dans le plus de ports possible, en commençant par la Méditerranée.

Cela m'impressionne toujours lorsque tu me parle de ça. C'est un travail énorme!

Oui oui, c’est vrai, c’est un gros travail.

En fait, ce dont on ne se rend pas compte, c’est qu’il y a un très très gros travail au niveau du processus de recyclage. Car c’est une matière qui est au depart défectueuse. Mais c’est quelquechose de reutilisable quand même. c’est  filtré filtré, il faut en trouver quelquechose de réutilisable. En plus, après, dans le processus de fabrication des lunettes, c’est vraiment fait à la main, rien n’est mécanisé. 

C’est vrai que les montures sont de l’injecté, mais après, comme la substance est un peu plus fluide, les lunettes doivent toutes etre terminée à la main une à une. Donc le polissage se fait à la main, les impuretés sont enlevé à la main, etc etc …

Ça, les gens ne s’en rendent pas compte car c’est de l’injecté. Oui OK, mais il y a du travail derrière, qui est supérieur à ce qui se fait sur de l’acétate. C’est comme si c’était des lunettes en bois.

Cette étape de mise en valeur est très compliquée et très laborieux. Et souvent ce travail n’est pas assez mis en valeur voire pas assez rémunéré à sa juste valeur. Le problème, c’est que l’opticien dit “oh ben c’est de l’injecté”, et ne se rend pas compte de ce qu’il y a derriere. 

Tu fais travailler énormément de monde en Europe!

Je fais travailler directement et indirectement. Directement, j’ai tous mes agents qui sont en France en Allemagne, en Belgique, en Hollande, en Espagne etc… Et puis, il faut etre attentif sur les couts. Et moi qui n’était pas gestionnaire de déchet au départ, j’ai appris plein de choses. Mais j’ai une personne qui travaille directement sur ce sujet pour moi. C’est son metier de récolter les déchets plastiques et textiles et tout ce qu’on fait maintenant dans les ports.

Super! Tout ce travaille de fourmi qui  donne un superbe projet et produit!
Et parle nous du label Cradle to Cradle, c'est énormissime!

On va obtenir la certification GOLD du Cradle to Cradle.

Et c’est fantastique car d’abord ça certifie la circularité du déchet et ensuite ça l’authentifie.

C’est une procédure lourde, car ce sont des ingénieurs qui viennent durant 6 mois, et c’est un gros investissement aussi.

Mais on est les premiers dans l’optique à l’avoir.

C’est une decision stratégique au départ, difficile car très couteux.

Mais je me rend compte aujourd’hui que ca va etre utile. Car il y a beaucoup de gens qui te demande si c’est vraiment du recyclé etc etc… et là avec cette certification c’est terminé, il n’y a plus aucun doute. On a rien à prouver!

– Propos recueillis par téléphone en mai 2019 –

recyclage des déchets

Chaque seconde, 256 kg de plastique sont déversés dans les océans : une source de matière première. Mais c’est surtout un gros travail de prévention.

Car le but est d’éviter, qu’en 2050, il y ait plus de plastique que de poisson dans les océans.

Et s’il n’y a plus de plastique à recycler, j’en suis sure que François van den Abeele trouvera une autre idée ou un autre combat à mener.

Où suivre la démarche de François?